Jean-Luc Mélenchon une figure bonapartiste ?
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Jean-Luc Mélenchon une figure bonapartiste ?
ou les excès d’une critique
Stigmatiser n’est pas critiquer !
On voit plus les « sauveurs » des banques et des grands rentiers que les « sauveurs » du peuple-classe. Mais la question se pose puisque Pascale Fautrier a évoqué (1) nettement un bonapartisme pour Jean-Luc Mélenchon. A l’image d’un Chavez.
Le bonapartisme au sens strict qui vénère feu l’Empereur est aussi marginal en France que le royalisme. Subsiste encore en science politique sa définition élargie, d’origine marxienne, qui le rattache à un « populisme de gauche », donc à un élitisme éclairé de facture un brin autoritaire et ce via la technique du plébiscite mais contrairement à un bonapartisme de droite il serait exercé au profit du peuple-classe (99% d’en-bas) .
Déjà, d’emblée un bonapartisme de gauche me parait plus défendable qu’un bonapartisme de droite. Il faut le dire à une époque ou la gouvernance de la troïka procéde de façon autoritaire à des politiques anti-sociales d’austérité forte et généralisée. Le néolibéralisme se définirait de façon condensée par la formule les marchés plus la gouvernance oligarchique.
Allons plus loin.
Ce bonapartisme de gauche serait la forme de gouvernement d’une élite qui s’exercerait complètement à contre-courant de ce qui se fait partout sauf en Amérique latine (et encore) car frontalement contre la « stratosphère » (T Piketty) du 1%, cette classe sociale dominante prédatrice au plan économique, social et écologique. Jean-Luc Mélenchon tiendrait son succès de sa volonté de combattre l’oligarchie néolibérale mais il le ferait non pas pour éliminer toute oligarchie et constituer une société autogestionnaire mais pour établir une oligarchie écosocialiste. Voilà qui semble faire peur à ceux et celles qui ne sont pas pressés d’abattre la prédation capitaliste. Car au sein du peuple-classe il y a ceux qui sont pressés et ceux qui peuvent attendre. C’est surtout le peuple social (90% d’en-bas) qui est durement attaqué par les oligarques néolibéraux.
Remarquons en outre que Jean-Luc Mélenchon plaide pour une constituante, ce qui ne ressemble guère à l’usage d’un plébiscite. Le bonapartisme est aussi lié à une vision conquérante de l’espace. C’est l’acceptation de l’impérialisme. Jean-Luc Mélenchon me semble beaucoup moins va-t-en guerre que nos gouvernements d’alternance UMP / PS . Enfin on rattache aussi au bonapartisme un certain centralisme qui veut que tout soit réglé depuis Paris sans décentralisation des décisions. Là on tord le bâton dans l’autre sens. Le mode de développement du capitalisme s’accommode aisément de la décentralisation.
La critique qui voit dans Jean-Luc Mélenchon un bonapartisme en puissance du fait de sa planification démocratique semble oublier que pour l’instant c’est la place laissée aux marchés et à la logique capitaliste du profit qui crée les inégalités territoriales et sociales. La démocratie réduite aux choix des élus et à la décentralisation relative laisse en effet se déployer une très forte inégalité entre les territoires. On casse les services publics dans les campagnes pour les centraliser dans les capitales départementales voir les capitales régionales. Une oligarchie régionale accompagne ce mouvement de laissez aller néolibéral.
Il importe de retrouver des mécanismes de correction des inégalités entre les territoires pour aller contre a logique de développement inégal des territoires. Et cela peut se faire avec une nouvelle République et une nouvelle démocratie qui s’éloigne de la « démocratie réellement existante ».
Encore un point : Que ceux et celles qui tiennent à préserver une identité culturelle régionale (le terme n’est pas ici administratif) ne se braque pas contre cette position. Elle ne vise pas à l’écrasement des langues et des cultures locales. Il s’agit de disjoindre ce qui relève de l’économie et de la répartition des richesses de ce qui relève de la culture. Il n’y a pas nécessairement contradiction.
Christian DELARUE
Définition : Bonapartisme
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Bonapartisme.htm
1) L’Ere du peuple de Jean-Luc Mélenchon : une politique nouvelle pour un monde bouleversé