La triple polarisation et l’impérialisme - Ch Delarue
par
popularité : 1%
La triple polarisation et l’impérialisme
L’idée d’une double polarisation conflictuelle interne à chaque nation et externe selon une coupure Nord-Sud est relativement connue. Elle mérite actualisation, complément.
Partons d’un usage militant d’un ouvrage académique à propos de double polarisation.
Dans le document d’intervention ci-dessous, j’évoque, au nom du MRAP en 2005 (pour introduire à la question des migrations développée par Bernadette HETIER à côté de moi sur la photo), la "double polarisation", dite de façon très abrégée, interne et externe , soit celle évoquée par de nombreux économistes critiques dont François Chesnais dans "La mondialisation du capital" mais aussi Thomas Coutrot et Michel Husson dans "Les destins du tiers-monde" Ed Circa.
De la mondialisation aux immigrations : un cadre global de contraintes — MRAP 2005 - http://ancien.mrap.fr/international/mondialisation/de-la-mondialisation-aux-immigrations-un-cadre-global-de-contraintes
François Chesnais explique dans dans « La mondialisation du capital » en 1994 qu’il existe d’une part une polarisation à chaque formation sociale, chaque nation, chaque pays et une polarisation Nord-Sud entre la Finance-Etat des "pays de la triade" et les peuples-classe du sud (qui ne sont d’ailleurs pas que les pays ACP comme je le lis ici en oubliant le Maghreb, le Machrek ). François Chesnais ne dit pas peuple-classe mais ce concept (repris par moi avec un autre sens en 2006) semble bien adapté - à mon avis - à l’idée de clivage interne à chaque communauté nationale-étatique (à condition de ne pas y mettre "99% d’en-bas" mécaniquement) .
Le concept de peuple-classe montre fondamentalement un rapport de domination des puissants contre le peuple (et le terme peuple-classe ne signifie pas que le peuple est une classe mais qu’il y a rude clivage). Peuple-classe vise un rapport de domination venant d’en-haut, de l’oligarchie politico-financière ou de la bourgeoisie ou de la classe capitaliste dominante du pays. Evoquer oligarchie prête plus - pas toujours- à une critique de type "démocratie rabougrie", alors qu’évoquer bourgeoisie ou classe capitaliste incite plus - pas toujours - à mettre l’accent sur des effets économico-sociaux et politiques de la domination de classe : austérité, exploitation de la force de travail privée et publique, moindre service public, moindre justice fiscale,etc.
Pourquoi alors évoquer une troisième polarisation ? C’est qu’il importe de tenir compte de la domination de l’oligarchie politico-financière de l’Union européenne en plus de celle nationale. Cela paraît évident mais mérite d’être dit (1). Chaque peuple-classe de l’Union Européenne a donc le devoir de lutter en conscience 1 - contre sa propre oligarchie nationale et 2 - contre l’oligarchie de l’UE (la Troïka) . Et, par solidarité avec les peuples-classe du sud il doit aussi 3 - lutter contre l’impérialisme de sa classe dominante à l’encontre des peuples du Sud.
C’est là, à ce stade du raisonnement, que j’évoque "La double impasse" (Sophie Bessie) pour refuser tout accommodement avec les intégrismes religieux, du Sud ou du Nord (cf ma contribution sur la "triple mondialisation"). Ce qui n’empêche nullement la critique de "L’autoritarisme rampant à la française" | ( http://www.slate.fr/story/119461/france-derive-autoritaire ).
Christian DELARUE
1) Peuple-classe 99% contre oligarchie - Ne pas se tromper d’ennemi | Le Club de Mediapart