« Les Etats créent les nations, pas l’inverse » E Hobsbawm (Mde Diplo)
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Les mobilisations identitaires
« Les Etats créent les nations, pas l’inverse »
par Eric Hobsbawm, mai 2010
« J’utilise le terme “nationalisme” dans le sens défini par [Ernest]Gellner : “Le nationalisme est essentiellement un principe qui exige que l’unité politique et l’unité nationale se recouvrent (1).” J’ajouterai que ce principe implique aussi que le devoir politique des Ruritaniens envers l’Etat qui englobe et représente la nation ruritanienne [contrée imaginaire en Europe centrale] l’emporte sur toutes les autres obligations publiques, et dans les cas extrêmes (comme les guerres) sur toute autre obligation de quelque ordre que ce soit. Ce trait distingue le nationalisme moderne de toutes les autres formes, moins exigeantes, d’identification nationale ou d’identification à un groupe que nous rencontrerons par ailleurs.
« Comme la plupart des gens sérieux qui ont étudié le problème, je ne considère pas la “nation” comme une entité sociale fondamentale ni immuable. Elle appartient exclusivement à une période particulière, et historiquement récente. Ce n’est une entité sociale que pour autant qu’elle est liée à un certain type d’Etat territorial moderne, l’“Etat-nation”, et parler de nation ou de nationalité sans rattacher ces deux notions à cette réalité historique n’a pas de sens. J’insisterai en outre avec Gellner sur la part de l’artefact, de l’invention et de la création délibérée appliquée au social dans la genèse des nations. “Les nations considérées comme le moyen naturel, donné par Dieu, de classer les hommes, les nations représentant un destin politique... inhérent, sont un mythe ; le nationalisme, qui parfois prend des cultures préexistantes et les transforme en nations, parfois les invente, et souvent oblitère les cultures préexistantes, cela, c’est une réalité.” Bref, pour les besoins de l’analyse, le nationalisme vient avant les nations. Ce ne sont pas les nations qui font les Etats et le nationalisme ; c’est l’inverse. (…)
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