Les paysans, la terre et l’écosocialisme. C Delarue
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Les paysans, la terre et l’écosocialisme.
La crise alimentaire a vu monter les prix des principaux aliments en quelques jours en 2008. C’est un aspect de la question. L’autre aspect important tient à la concentration des terres par grands propriétaires fonciers.
Contre cela, la réforme agraire est une réponse qui consiste en une réappropriation publique des terres concentrées en quelques mains pour les redistribuer aux paysans. Cette réappropriation publique ne doit pas passer pas par l’acquisition marchande ainsi que le préconise la Banque mondiale pour être efficace, c’est à dire distribuer suffisamment de terre à tous les paysans y compris les plus pauvres.
Outre la terres, il importe aussi de facilité la distribution du matériel d’exploitation. Une telle politique globale suppose un fort mouvement des paysans et une perspective d’alternative systémique, une perspective socialiste. Ce qui signifie que la solidarité de lutte avec les travailleurs salariés est essentielle pour inverser la tendance lourde du capitalisme : financiarisation, marchandisation, appropriation privée.
Les paysans et les travailleurs salariés doivent peser pour la satisfaction de leur droits, droit au travail agricole maintenu avec de bons revenus et droit de développer une activité agricole qui préserve le cadre de vie présent et celui des générations futures. Dans les pays du nord, ce sont les prolétaires (moins de 3000 euros par mois) paysans et salariés qui doivent imposer une orientation de l’activité productive qui leur soit favorable. La justice sociale marche avec le souci écologique. La défense d’une agriculture durable et non productiviste est aussi celle d’une bonne alimentation, d’un bon aménagement du territoire, de la préservation de l’environnement.
Les paysans, à ne pas confondre avec les capitalistes de l’agroalimentaire, forment une composante oubliée du peuple-classe. Ils militent pour la sécurité alimentaire mais leur combat est très souvent récupéré par le patronat des grandes exploitations. Ils ont souvent le même syndicat.
En Europe, la démocratie libérale interne à chaque nation favorise l’abstention des couches sociales fragilisées et les programmes politiques d’inspiration capitaliste, plus ou moins issus des syndicats patronaux selon qu’il s’agit d’un gouvernement de droite ou d’un gouvernement de centre-gauche. Il n’a y a pas en Europe de gouvernement de gauche de puis bien longtemps. La politique mitterrandienne de 1981 à 1982 a probablement été la dernière mise en œuvre.
La solidarité des peuples-classe ne concerne pas que les salariés. Le monde paysan est une composante importante du peuple-classe surtout dans les pays du Sud. Au sein du peuple-classe il y a un fort décalage entre le vote libéral des cadres supérieurs les ingénieurs, les professions libérales aisées et leur position de classe. Ils sont souvent idéologiquement aussi à droite que la bourgeoisie , ce qui se remarque dans les votes. Le décalage entre la subjectivité idéologico-politique et la position de classe s’explique par le niveau hiérarchique élevé dans les revenus perçus et donc dans les patrimoines acquis. Ils sont dans le peuple-classe mais en position frontalière avec la bourgeoise. Bien sût, il y a tous ceux influencés par les thèses nationalistes et xénophobes qui pensent à droite et vote avec les mêmes bulletins que le patronat.
Réclamer la souveraineté alimentaire comme d’aucuns réclament la souveraineté industrielle c’est faire le jeu de la classe dominante qui dispose des commandes économiques et des leviers politiques. La souveraineté du peuple-classe est un projet politique qui ne correspond la souveraineté nationale au sein du capitalisme. La souveraineté du peuple-classe ne se comprends que dans le passage au socialisme.
La maîtrise du foncier agricole passe par des nationalisations mais ces dernières ne sont pas seulement menées contre la finance internationale et les sociétés transnationales. Cette maîtrise pour réussir doit déposséder les capitalistes nationaux. Mais d’ores et déjà développer le refus de l’accaparement des terres agricoles pour le capital de la grande distribution et à la suite exiger la protection des terres agricoles de toute prédation capitaliste par un passage au public de type départementalisation serait un bon début.
cd
1) Ecosocialisme et planification démocratique M Lowy