MALI : L’angle mort de Michel Collon (ce qu’il nie).
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MALI : L’angle mort de Michel Collon (ce qu’il nie).
Ce qu’oublie Michel Collon.
Michel Collon est un critique pugnace de l’impérialisme sous toutes ses formes (1). Et c’est un réel avantage de le lire car il a accumulé au fil du temps une expérience critique bien argumentée. Derrière chaque intervention à but prétendument humanitaire il faut s’attendre à ce qu’il débusque tôt ou tard le souci d’accéder à une ressource rare ou de maintenir une domination multiforme soit économique soit politique voire idéolologico-politique et le plus souvent une combinaison de ses intérêts.
Mais il y a une faiblesse dans son argumentaire. Il lui arrive de tordre le bâton dans l’autre sens et d’avoir les yeux englués face à la souffrance de populations victimes d’actes barbares. C’est le cas pour les actes des islamistes sévissant dans le nord Mali pendant l’année 2012. Son propos devient hésitant sur ce point. Il relativise le poids des crimes. Il minimise les souffrances de ses femmes et au-delà des hommes de progrès et de respect humain qui refusent ces pratiques et qui, s’agissant des musulmans maliens, refusent cette interprétation barbare de l’islam.
Car si on peut refuser que ce soit l’armée française qui soit chargée de faire le gendarme au Mali, on ne peut ignorer ou relativiser ces barbaries. Si ce n’est pour qu’on ne fasse rien, qu’on laisse faire. On peut refuser cet attentisme. Il faut partout et sur tous les continents maintenir une sensibilité à la souffrance des victimes de barbarie. Il faut maintenir et enrichir une sensibilité altruiste et solidaire, qui n’est jamais que de la sympathie issue de nos « instincts sociaux » comme le dirait le meilleur Darwin. Il faut ici combiner Darwin et Marx voire Lénine pour l’aspect anti-impérialiste. L’aspect humain est plus important que l’aspect matériel. Et il ne s’agit pas pour autant d’être naif en voyant notre gouvernement et notre classe dominante comme dépourvue d’intérêts économique dans cette région.
Sur ce point, il va être important d’avancer des revendications pour améliorer durablement le sort des différentes populations de la région au-delà du nord Mali. Ne peux-t-on exiger comme altermondialistes que les firmes occidentales en place - à bon compte c’est à dire par privilège de type colonial - financent des opérations utiles à la population pour l’accès à l’eau, pour la circulation plus facile de l’alimentation, pour la construction d’école,etc. Ces organes de concentration et d’accumulation de la richesse financière et matérielle doivent moins payer les riches actionnaires et plus des actions utiles aux populations locales. Mais comme cet humanisme-là leur est totalement étranger - ce ne sont pas des services publics ou des sociétés coopératives - il faut en arriver à cette proposition radicale : que ces entreprises soient nationalisées, que les impérialistes soient expropriés. Rien moins. Ou alors démontrez moi que ma première proposition est viable. Cette expropriation suppose plus qu’un gouvernement d’orientation socialiste. Il suppose que des cadres locaux et des techniciens locaux prennent la place des cadres et techniciens du nord ce qui n’est pas toujours immédiatement possible. Mais ce n’est pas notre problème. Sauf à constater que le développement des systèmes d’instruction et d’éducation est réduit, peu démocratisé, à cause des gouvernements liés à la Françafrique et subordonnés aux diktats du FMI et de la BM. Il y a un cercle-vicieux à briser.
Comme le disait Samir AMIN, il faut soutenir les « déconnexions ». sur tous les plans. Sinon on aura des souverainetés en toc, en plastique. Relier souveraineté et socialisme démocratique et écologique est une piste.
Christian DELARUE
1) La France au Mali : repérer les médiamensonges - Investig’Action
http://michelcollon.info/Michel-Collon-La-France-au-Mali.html
