Marxisme, soutien et critique de la religion - Christian Delarue
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Question religieuse
Marxisme, soutien et critique de la religion
Que disent les gauches et les écologistes face à certaines dérives !
Tout soutien d’un groupe religieux accompagne nécessairement une critique . Il n’y a pas soutien sans critique . Le soutien va à une pratique jugée allant dans le bon sens, celui de l’émancipation, la critique portant sur des aspects jugés néfastes.
Jadis, on aurait pu, à gauche, comme Gilbert Achcar (1), défendre la "théologie de la libération", à l’exception notable de sa position réactionnaire contre l’IVG (sous réserve mais vu 2). Pas de soutien sans critique disais-je car les anti-IVG sont à combattre .Mais je ne sais si la Théologie de la libération fustigeait les plages de nudisme comme le catholicisme réactionnaire en Espagne (de Franco), au Portugal (de Salazar) ont pu le faire. Ailleurs aussi. Aucune sympathie pour ces groupes réactionnaires ! Absolument aucune !
Il y a des silences qui étonnent car des expressions critiques sont attendues .
1 - Critiquer les intégrismes religieux et leur intransigeantisme - de tout niveau de toute forme pas que l’aile terroriste (qui n’est d’ailleurs plus de l’intégrisme religieux) - est nécessaire pour et par les gauches. Les intégrismes religieux continuent de poser des normes dures en matière de moeurs, en général de type patriarcale, et entendent les imposer à autrui . Ils ne veulent pas d’opposition, pas de critique . Ils sont autoritaires. Dès lors, il ne s’agit pas que critiquer car il faut pouvoir protéger autrui et prévoir des barrières légales adaptées, bien mesurées, non excessives !
2 - Critiquer l’islam intégriste voiliste : les gauches pourraient le faire car c’est nettement réactionnaire ! Voilà un contre-mouvement international et mondialisé qui s’est mis à sévir d’abord contre les musulman-es sécularisées et sans voile avant de sévir plus largement. Il s’agit d’une emprise de "colonisation du monde vécu" par en-bas et parfois par en haut, interne au monde musulman et contre une large fraction de lui-même.
Ceux et celles qui oublient ou qui ignorent l’intégrisme religieux musulman le font en faisant grand silence sur la période historique (et l’élargissement important de son aire géographique) de montée de l’intégrisme musulman sexyphobe, imposant l’hypertextile (donc pas que le voile : burkini, jupe ultra-longue) en opérant un grand saut dans le temps entre la période dite "voilophobe" de 1989 à aujourd’hui (en France ) et la période coloniale et notamment l’opération de dévoilement de mai 1958. L’islam voiliste et sexyphobe n’est pas tout l’islam, il n’est une résurgence intégriste au sein de cette religion et du monde musulman. Pas d’amalgame ! Les "campagnes d’hidjabisation" au Magheb et ailleurs et les pressions pro-hypertextile en France relèvent de cet intégrisme religieux offensif.
3 - S’opposer à l’aliénation des gamines voilées dès deux ans ! Pas de silence à gauche face à cette pratique anti-éducative ! C’est du formatage aliénant du corps enfantin ! Très en adéquation avec les discours intégristes stigmatisant le corps des femmes !
4 - Critique du burkini en piscine : On sent bien que c’est provocateur et excessif mais si on ne veut pas interdire ce vêtement (option politique) alors va-t-on aussi continuer de dire que l’Etat est islamophobe alors que le string seins nus en piscine est lui toujours interdit légalement . Il faudrait plus d’égalité et de réciprocité textile ! Il y a plus de pudibonderie d’Etat que d’islamophobie d’Etat car il y a silence des gauches face à cet interdit légal archaïque ou l’on trouve désormais ici ou là qu’une tolérance (pouvoir discrétionnaire) si la femme sein nu reste bien sur sa serviette .
J’insiste : On parle d’islamophobie d’Etat à propos de la (bonne) loi du 15 mars 2004 contre les signes ostensibles de religion à l’école publique, mais il y a surtout pudibonderie d’Etat (piscine) et influence de l’intégrisme religieux pudibond et sexyphobe y compris chez certaines féministes pro-voile et hypertextile (foulard avec manches longues et jupe ultra-longue).
Christian Delarue
1) ‘Marxisme, Orientalisme, Cosmopolitisme’ de Gilbert Achcar - note de lecture de Samy Joshua
http://www.multisignos.info.ve/2015/05/marxisme-orientalisme-cosmopolitisme.html
Bien avant Gilbert Achcar il y eu une brochure très lue à l’extrême-gauche (LCR surtout) à la fin des années 80 : "Marxisme et théologie de la libération" de Michael Lowy (IIRF 1988 40 page), brochure qui ne dit pas mot du maintien (ou non) de positions sexistes ou patriarcale dans le corpus de la théologie de la libération.
https://fileserver.iire.org/cer/PDF CER 10.PDF
A la différence de LO sur une position de critique sans soutien, la position générale de la LCR fut celle du soutien critique . La critique pouvait être de positionnement politique dans un contexte donné mais aussi féministe car la LCR disposait avec "Les cahiers du féminisme" d’une capacité critique certaine en ce domaine.
2) Lors de l’élection de 1989 au Brésil, les candidats de la réaction utilisèrent le fait que la compagne de Lula (leader de luttes ouvrières et candidat du PT à l’élection présidentielle) avait subi un avortement comme argument pour déconsidérer le PT. Les militants catholiques du PT, opposés à l’avortement, insistèrent alors pour que, dans sa campagne, le PT ne défende pas comme il aurait fallu le faire la liberté de l’avortement.
Amérique latine - La théologie de la libération au gré des vents politiques | Le mensuel
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/amerique-latine-la-theologie-de-la
A contrario un exemple rare :
"Décidé à museler les derniers porte-voix de la « théologie de la libération », Jean Paul II a pris l’habitude, l’été venu, de lancer ses foudres sur le « clergé rouge » brésilien. Cette année, c’est la figure de proue du « féminisme catholique », Ivone Gebara, une religieuse favorable à la légalisation de l’avortement, qui est la cible de l’offensive du Vatican. Soucieuse de lui prodiguer un cadre propice à la méditation rédemptrice, la congrégation pour la doctrine de la foi, gardienne du dogme, vient de lui imposer un exil de deux ans dans un institut de théologie belge, durant lequel elle sera soumise au « silence obséquieux » (interdiction de se manifester publiquement).
Rome exile une nonne féministeLa Brésilienne Ivone Gebara avait déclaré que l’IVG n’était pas un péché. – Libération
Addendum
1) La présidente de l’UNEF reconnaît des réunions non-mixtes, sans blancs (RT en français)
https://francais.rt.com/france/84823-presidente-unef-reconnait-reunions-non-mixtes-sans-blancs
Ce type de réunion non-mixte peut être contestable car le type d’antiracisme que je défends au MRAP, s’il n’est pas absolument contre les réunions des discriminé-es, il ne doit pas y avoir lors de la constitution du groupe un tri racial-raciste préalable ou une personne blanche victime d’un propos ou acte raciste (antisémitisme par exemple) ne pourrait pas participer. Par ailleurs un "écoutant" (Carl Roger) sans souci de couleur de peau peut assister et intervenir (technique de reformulation pour mieux saisir).
2) Un marxiste va-t-il soutenir F Héran ou G Calvès ? Position variable sans aucun doute, mais il est possible de soutenir Gwénaële Calvès lorsque les croyant-es sont pénibles, par exemple en ayant tendance à sur-exposer leur croyances religieuses comme des publicitaires exhibent eux leur marchandise à vendre !
Vous enseignez la liberté d’expression ? N’écoutez pas François Héran ! (par Gwénaële Calvès) - Mezetulle
Extrait de la réponse critique de la juriste Gwenael Calvez : « La disposition constitutionnelle qui énonce que « La République respecte toutes les croyances ». Introduite à la veille du référendum de 1958 pour rassurer l’électorat catholique, cette disposition, totalement marginale dans la construction laïque et dénuée de tout rapport avec la liberté d’expression, invite l’État à ne pas s’immiscer dans les questions religieuses. Elle ne signifie en aucun cas que « toutes les religions méritent le respect ». Elle impose simplement à l’État et à ses agents de s’abstenir de tout jugement sur la valeur de telle ou telle croyance, dès lors que son expression ne contrevient pas à l’ordre public. Quant aux citoyens, ils sont bien sûr libres de critiquer à leur guise, y compris en des termes virulents ou blessants, la religion en général ou une religion en particulier. »