Promouvoir des politiques contre le racisme en Europe - C Delarue

samedi 6 décembre 2008
par  Amitié entre les peuples
popularité : 17%

Dans le cadre de l’initiative collective (*) du 6 décembre 2008 pour une Autre Europe.

PROMOUVOIR DES POLITIQUES CONTRE LE RACISME EN EUROPE, c’est possible et nécessaire !

Par Christian Delarue au nom du MRAP, Mouvement contre le Racisme et l’Amitié entre les Peuples.

http://www.france.attac.org/spip.php?article9351

MRAP Différences

%- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

* Le 6 décembre : "Face aux crises, changeons d’Europe !"

Le MRAP mais aussi : Aitec-IPAM, Alterekolo, ATTAC, CGT Finances, CGT services publics, Confédération Paysanne, Coordination des collectifs unitaires, Fondation Copernic, Forces militantes, FSU, La gauche cactus, LCR, Les Alternatifs, Les marches européennes contre le chômage, MARS gauche républicaine, Mémoire des luttes, PCF, PCOF, Pour la république sociale, Réseau féministe ruptures, UFAL, UCFF-CGT, Union syndicale Solidaires

http://www.france.attac.org/spip.php?article9256

Manifestation contre le chômage et la précarité

http://www.mrap.fr/event.2008-12-05.5134028037

%- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La question des migrations et de sa réponse honteuse sous la forme d’une directive "retour" (juin 2008) déjà évoqué par plusieurs organisations pour en réclamer son retrait (1), je vais centrer mon intervention, au nom du MRAP, sur la plaie du racisme en Europe.

La joie qu’a suscité l’accès de Barack Obama à la Présidence des USA ne doit pas cacher le maintien et même par endroit le renforcement du racisme en Europe.

La discrimination raciste à l’embauche, au logement, à la santé, à l’école et aux loisirs, continue de faire des ravages en France et en Europe. Difficile de dire avec précision l’état des discriminations dans les divers pays européens mais le fait est certain pour tous ceux qui militent contre le racisme sous toutes se formes. Les victimes de racisme subissent beaucoup plus que les autres l’exclusion sociale et la précarisation. Quasiment toutes les grandes villes d’Europe ont leurs "quartiers de relégation" ou vivent les déclassés nationaux et non nationaux de la société.

Dans beaucoup de pays le traitement social du chômage a peu à peu remplacé les politiques un tant soit peu orientée vers la suppression totale du chômage. Ces politiques d’accompagnement social ne pouvaient contenir la tendance lourde du capitalisme, débridé depuis les années Reagan et Thatcher, qui frappait les salariés . Face à l’aggravation des conditions de vie dans les quartiers délaissés, les droites mais aussi des formations politiques de gauche ont basculé dans le traitement policier pour contenir la colère des banlieues. On voit désormais ce que l’on savait : à l’insécurité sociale liée la montée explosive du chômage sont venus s’ajouter les contrôles au faciès et les brutalités policières qui ne sont que rarement sanctionnés par une justice qui fonctionne à deux vitesses. Les discriminations face à la police et à la justice sont donc venues s’ajouter aux autres discriminations racistes précitées. L’injustice vécue est très lourde.

Il faudrait ici ajouter une problématique variable selon les pays : la prise en compte de la diversité au plan politique. Cette question de "l’intégration" des "minorités visibles" dans les instances du pouvoir va sans doute émerger avec plus d’insistance. La crise économique et sociale montre que l’intégration doit pouvoir aussi se nommer pleine insertion sociale.

Le combat antiraciste se combine au combat social, laic et féministe. Il n’ a pas de frontières. Il se décline nécessairement dans une perspective d’"amitié entre les peuples" .C’est bien pour cela que le MRAP est membre co-fondateur d’ ATTAC . Pour lutter contre les dominations et oppressions il faut à l’évidence les combattre toutes. Et à la racine, pas que sur les branches secondaires ! En tout état de cause on ne peut vouloir une société sans chômage avec du racisme. Cela est impensable ! Impensable ici mais aussi ailleurs. Il faut lutter sur tous les fronts.

Or, pour les libéraux en économie, la chose est entendue, le chômage et la précarité soit admis comme un mal inévitable voire nécessaire : il y a fatalement un seuil de chômage lié d’après eux aux choix des individus. Mais que penser quand ce seuil dépasse non seulement les 1 ou 2 % mais des niveaux explosifs comme les 30 ou 40 % d’une population donnée, celle des quartiers délaissés. Même les libéraux peuvent alors sentir confusément que la solution policière n’en est pas une . Par ailleurs, la réponse policière gonfle les prisons. Elle accroit la misère et la conflictualité sociale, mais une conflictualité pas nécessairement engagée contre les responsables : les organisations patronales en Europe et les dirigeants politiques porteurs de ces politiques anti-populaires.

Pour les altermondialistes qui proposent des mesures visant à combattre radicalement le chômage il faut bien voir que ces préconisations ne seraient pas possibles avec un patronat raciste. Il en va de même pour d’autres secteurs de la vie sociale comme le logement par exemple.

Promouvoir des politiques contre le racisme en Europe c’est possible car les recommandations ne manquent pas . Mais il reste encore à ajouter que ces politiques anti-racistes ne sauraient s’accommoder de ce que l’on nomme l’Europe forteresse - celle qui mène la guerre aux migrants- et de la diffusion de la xénophobie d’ Etat dont la France a le "modèle" à ne surtout pas imiter avec son ministère de l’identité nationale.

Promouvoir des politiques contre le racisme en Europe n’est pas seulement le complément nécessaire de l’Europe sociale il est aussi ce qui forme un élément de l’Europe démocratique notamment avec la promotion de la citoyenneté de résidence pour les résident d’origine extra-communautaire.

Christian Delarue
Membre du BE et du CA du MRAP ainsi que du CA d’ATTAC France.
Délégué du MRAP auprès d’ ATTAC France.

(1) La directive de la honte sur la rétention et l’expulsion des sans-papiers en Europe est proposée à l’adoption formelle du Conseil des ministres de l’Union européenne lors d’une prochaine réunion le 8 ou le 9 décembre. Elle doit être rejetée.